Rencontre avec Isabelle Le Baron, céramiste de profession, qui
vient d’ouvrir son atelier au centre du village d’Urrugne.
Tout d’abord, est ce que vous pouvez nous expliquer ce que fait
exactement une céramiste ? Quelle est la différence avec un potier par
exemple ?
C’est assez difficile à différencier la poterie de la
céramique. Le céramiste comme le potier vont travailler la terre sous toutes
ses formes et dans le deux cas il faut
pouvoir maîtriser toutes les étapes de fabrication de pièces en terre cuite :
cela va de la création de l’objet à la cuisson. Il y a peut-être un côté plus
artistique dans la céramique avec les différentes techniques de cuisson et la
création d’émaux que dans la poterie qui est souvent considérée comme plus
utilitaire et plus brute.
Parlez-nous de votre parcours ? Comment êtes-vous
devenu céramiste ?
Depuis petite j’ai toujours la volonté de travailler dans le
domaine artistique mais mes parents, comme beaucoup d’autres parents, pensaient que ce n’était un « vrai métier ». Par conséquent, j’ai fait des études
pour être auxiliaire de puériculture. J’ai exercé ce métier pendant plusieurs
années tout en pratiquant à côté ma passion pour la céramique.
J’ai commencé en suivant des ateliers pour adultes puis mon
professeur m’a peu à peu initié à de nouvelles techniques et m’a intégré de
plus en plus dans l’enseignement en me proposant de reprendre quelques
ateliers. J’ai complété mon cursus en suivant des formations par d’autres
céramistes et depuis quelques années c’est à mon tour d’enseigner la pratique
de la céramique.
Vous venez d’ouvrir un espace dédié à la céramique, comment
cela va se passer ?
Ce local est parfait pour tout ce que je veux faire et
mettre en place. Ce local a pour moi trois vocations :
-
Un lieu où je peux exercer mon métier et créer
mes céramiques, puisque dans le local j'ai tout mon matériel pour la création :
mon tour, mes fours, mes créations en cours…
-
Un lieu d’exposition où je montre mes œuvres et
mes créations. D’ailleurs le weekend dernier un client qui passait par là par
hasard m’a acheté ma pièce principale…
-
Un lieu où je vais dans un second temps, je
pense à partir de septembre prochain, proposer des ateliers et des cours pour
les enfants et les adultes qui souhaitent découvrir cet art. En attendant, je
suis consultante sur des activités extérieures comme pour le collège Chantaco où je fais de l’accompagnement éducatif lié à
la pratique de la céramique.
Dans mon atelier, un mot est primordial et résume bien ma
volonté : transmettre. Ce mot est très important pour moi et je veux
montrer à tous, que le monde des arts n’est pas un monde fermé. C’est souvent ce
que l’on croit mais je tiens vraiment à ouvrir cet espace au plus grand nombre et
leur faire découvrir un art accessible.
Je ne m’y connais pas forcément mais quel est votre technique
de prédilection ?
Il possible d’appliquer plusieurs « effets » à une
création mais j’aime beaucoup les effets qui apparaissent à la suite de la
technique du raku. C’est une technique d’enfumage ancestrale du 16ème
siècle, d’origine japonaise. Les pièces réalisées étaient principalement
destinées à la cérémonie du thé. La technique consiste à réaliser des craquelures
noires sur les pièces. Pour cela, il faut utiliser un four extérieur dans
lequel on fait cuire les pièces à très haute température, plus de 1000 degrés. On
plonge ensuite les pièces dans la sciure de bois. Cela provoque un choc
thermique qui craquelle l’émail et noircit les craquelures. L’intérêt réside
dans le fait qu’on ne sait pas l’avance la forme et l’intensité que pourront
prendre ses craquelures, cela peut donner des effets totalement improbables.
O’TERRE FEU, créations et ateliers
5 rue Dongaitz Anaiak
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