Rencontre avec Iban Seilliez, Président de l'association Iparraldeko Betizuak, pour parler d'un animal méconnu qui parcourt les montagnes d'Urrugne : le betizu.
Pouvez-vous nous présenter votre association ?
Pouvez-vous nous présenter votre association ?
Notre association Iparraldeko
Betizuak a été créée en 2006. J’ai pris la relève de mon père qui œuvrait
depuis les années 70 à la préservation des betizu.
L’objectif principal de notre
association est l’étude pour la conservation et la sauvegarde des populations
de betizu du Pays Basque Nord et notamment ceux des massifs du Xoldokogaina à
Urrugne et du Mondarrain. Pour cela, on mène différentes actions toute au long
de l’année.
Pourquoi cet attachement à cet
animal peu connu ?
Justement parce qu’il est peu
connu et que personne quasiment ne s’intéresse à la sauvegarde de cette espèce.
Puis mon père, avant moi, était un grand défenseur de la race des betizu, il a
dû me transmettre sa passion et je tiens à faire perdurer son combat.
A part ça, les betizu ont une
importance quasi vitale pour notre région. Historiquement, les betizu ont
toujours vécu dans nos montagnes et font en quelque sorte partie du patrimoine
régional du Pays Basque. Génétiquement, c’est une espèce de bovin particulière qui
intéresse les chercheurs en génétique car elle n’a pas suivi l’évolution
traditionnelle des autres races bovines. Elle est restée rustique sans autre
croisement.
De plus, nous travaillons avec
un laboratoire de l’INRA de Toulouse sur l’étude de la hiérarchisation sociale,
la reproduction, le mode de vie des betizus…
Vous pouvez nous expliquer en
quelques mots les caractéristiques d'un betizu ?
La traduction en français est «
vache sauvage » (behi =bovin, izu = sauvage). La race des betizu est une
des races les plus anciennes de notre continent. Il est difficile de connaître
précisément son origine : pour certains elle descendrait même de l’Auroch.
Beaucoup de betizu peuplait nos montagnes au début du siècle mais la race fut
quasiment décimée avec la construction du train de la Rhune. Seuls quelques
spécimens de la race ont survécu à Urrugne et vers Espelette.
Ce sont des bovins dotés d’une
grande rusticité : un mâle mesure 1.30 m au garrot et pèse jusqu’à 500 kg.
Les femelles sont plus petites avec 1.20 m et pèsent au maximum 350 kg. Ils ont
une robe de couleur froment qui varie selon la saison.
Ces animaux sont
impressionnants et peuvent faire peur quand on se balade en montagne, quels
sont les conseils que vous pouvez donner aux randonneurs ?
C’est sur que les betizus sont
des animaux imposants mais ils ne sont absolument pas dangereux et encore moins
les mâles. Les betizu ont l’habitude de voir du monde. Nous n'avons jamais recensé d'accidents avec les utilisateurs de la montagne. Il suffit simplement aux
randonneurs de continuer leur chemin sans leur faire attention. Généralement,
ils vont lever la tête et surveiller que les personnes ne s’approchent pas de
trop près. Dans ce cas-là, ce sont des bêtes craintives qui prendront la fuite.
Elles sont pourtant considérées
comme des animaux sauvages ?
Alors en fait tout le paradoxe
réside dans leur dénomination car administrativement les betizus n’existent pas.
Elles ne se retrouvent dans aucune liste officielle que ce soit les animaux
sauvages ou les bovins domestiqués.
Seule la FAO (Organisation des
Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) reconnaît leur existence
depuis 1995 et la qualifie de « population primaire en danger et non
maintenue » .
Aujourd’hui les betizus n’ont
plus d’ennemis donc leur population doit aller en grandissant ?
Non les betizus sont toujours
une espèce en voie de disparition qui se développe doucement. Sur les massifs d'Urrugne surtout autour du lac de Xoldokogaina, nous pouvons compter seulement qu'une quarantaine de spécimens. Cela dit, pour éviter
que leur population ne soit trop importante et afin de permettre une bonne
cohabitation avec l’homme, nous devons effectuer quelques abattages pour limiter le développement démographique.
Quelles autres actions vous
menez pour leur sauvegarde ?
Notre rôle principal est de
les étudier en suivant leur déplacement
et en veillant à ce que la cohabitation homme – betizu se passe le mieux
possible. Pour cela, nous faisons le lien avec les autorités et nous intervenons sur
place lorsque par exemple des betizus rentrent sur une propriété privée. Nous
essayons d’anticiper au mieux leur passage et leur déplacement en les cantonnant
à des espaces libres dans la montagne. Pour cela, nous mettons en place des
passages canadiens ou des clôtures. Toutes ces actions sont mises en place pour
veiller à la préservation de la race et éviter au maximum les problèmes.
Après dans l’année nous menons
des campagnes de sensibilisation. Avec le CPIE de Baïgorry, nous organisons des
sorties naturalistes pour observer les betizus. Nous menons également des
actions de communication auprès de la presse, de la radio ou même de la
télévision : j’ai tourné il y a pas longtemps un petit reportage pour France
5 et National Géographique.
Merci pour tout, vous
souhaitez rajouter quelque chose ?
Nous sommes une petite
association comptant seulement une dizaine de membre et nous aurions besoin de
personne supplémentaire surtout dans le cadre d’un nouveau projet que nous
aimerions réaliser. Pour cela, il nous faudrait des personnes qui se baladent
en montagne et qui aiment la photographie afin de nous aider à répertorier les
troupeaux et à mieux identifier chaque bête. Donc je lance un appel à toute
personne qui souhaiterait venir nous rejoindre et nous aider à protéger les
betizus du Pays Basque.
Pour cela, contactez Iban via
le site Web : http://www.betiweb.fr/
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