lundi 19 septembre 2011

"Egiategia", un vignoble sur la Corniche !

La Fête de la Corniche, ce samedi 25 septembre, est l'occasion de rencontrer Emmanuel POIRMEUR, viticulteur passionné installé sur les hauteurs de la Corniche à Urrugne.
On parle beaucoup de vous, mais on ne vous connaît pas? Qui êtes-vous ?
Je suis plus ou moins un enfant du Pays, je venais très souvent au Pays Basque voir ma famille installée à Guéthary. Mes parents étaient à Paris pour le boulot, tous deux étaient scientifiques. Mes grands-parents eux possédaient un vignoble dans le Lot et Garonne et je pense que ce sont eux qui m’ont transmis cette passion. Ce qui fait que je suis un véritable enfant du Sud-Ouest qui a été exilé à Paris. Mais c’est plutôt drôle car j’ai toujours été considéré comme un provincial à Paris et comme un parisien ici.
Pour en arriver là où je suis actuellement, je suis passé par l’Ecole d’Agronomie de Paris puis j’ai continué par l’Ecole Œnologie à Montpellier, pour obtenir le diplôme d’ingénieur Agronome Œnologue. J’ai ensuite bourlingué à travers le monde en tant que consultant pour aider des viticulteurs à s’installer. J’ai pu ainsi voyager au Chili, en Argentine, Italie, Nouvelle Zélande et en France aussi. A 19 ans je participais à la vinification d’un Saint Emilion Grand Cru.
Vous êtiez plutôt précoce ?
Oui j'aime à dire que j’ai vieilli précocement. Surtout que j’ai ensuite  travaillé pour le Crédit Agricole, j’étais en charge de la filière viticole du groupe.  Mais j’ai toujours gardé dans l’idée de venir planter des vignes sur la Côte Basque.
C’est vrai ? C’est une idée qui a germé pendant longtemps ?
Très jeune j’avais déjà dans l’idée de venir planter des vignes ici. Mon grand-père se souvient que à 9 ans déjà je lui avais dit « tu verras je planterai des vignes à Sainte Barbe ou à la Corniche »
Ma devise est : « il ne faut pas être plus aveugle que celui qui croit savoir ». Je veux dire : il y a là devant nous tout ce qui faut pour planter de la vigne, la Corniche à Urrugne représente le lieu idéal par rapport au sol, à l’exposition, la pente, le climat… Tout y est réuni pour pouvoir produire un bon vin alors pourquoi aller voir ailleurs !
Mais vous savez pour réussir ce genre d’aventure il faut être modeste car à la base je ne disposais pas de patrimoine pour commencer, il a fallu le créer ce patrimoine et de plus le créer dans une zone où l’exploitation vinicole n’existait pas du tout ou presque…
Comment ça "ou presque" ?
En fait, j’ai comme objectif d’obtenir une AOP (appellation d’origine protégée) et pour cela j’avais besoin d’un historique. En faisant des recherches j’ai pu découvrir que nous n’étions pas les 1ers à cultiver du vin sur la Côte basque. Il existait sur les hauteurs de Bordagain à Ciboure plus de 27 hectares de vignobles et j’ai découvert de la vigne ensauvagées sur les terrains de la Corniche qui nous laisse imaginer que plusieurs hectares de vignes étaient également présents à cet endroit. Finalement, je reviens plutôt à la viticulture sur le Côte Basque.

Je suis très content car vous me recevez dans votre tout nouveau chais à Socoa. 1ère chose : de la terrasse la vue est superbe ! Quels ont été les travaux pour réhabiliter l’ancienne maison des blocs ?
L’acquisition ne s’est pas faite sans problème. Mais depuis plusieurs années j’étais en pour parlers avec la CCI pour trouver un local. Dans un 1er temps ils m’avaient proposé l’ancien mur à gauche à Marinela pour finalement me proposer la « maison des blocs » à Socoa qui n’avait plus été occupée depuis plusieurs années. La mairie de Ciboure souhaitait la détruire car le site présentait certains risques d’accidents. Je suis donc venu visiter les lieux et j’ai vraiment été surpris par l’espace du rez-de-chaussée.  
En pratique, il a fallu refaire quasiment toute la maison : sauver la charpente, refaire la dalle en béton et toute l’étanchéité de la maison. Elle a été refaite à l’identique. Elle comporte en fait, un étage consacré au stockage, la production et l’administration ; c’est là que l’on trouve le pressoir que je viens d’acquérir : c’est un pressoir pneumatique et c’est mon investissement le plus important car pour faire du vin blanc il est primordial d’avoir un bon pressoir. Le rez-de-chaussée, quant à lui, est une pièce magnifique, avec des arcades en pierres, dédiée essentiellement à la production. Tout y est en pierre ce qui idéal car le bois peut être nocif dans la fermentation du vin. C’est une véritable cave où la température est constante. Mais je vous avoue que lorsque j’ai visité la 1ère fois cet endroit il y avait des gravats sur au minimum 2 mètres de hauteur et j’avais du mal à imaginer cet espace. Il faudra plus de 2 jours pour tout évacuer et voir apparaître la beauté de ce lieu. C’est l’endroit où sont disposées mes cuves dont celle avec les raisins de la Corniche que je viens de récolter.
C’est vrai, comment ce sont passé ces 1ères vendanges ?
Elles ont eu lieu début septembre. Je voulais commencer début août et  ramasser les raisins les moins beaux pour récolter de nouveau en septembre les plus beaux raisins et ainsi faire une cuvée d’exception. Mais en août je dois avouer que tous les raisins étaient magnifiques donc nous avons tout récolté en septembre.  Après pour des 1ère vignes exploitables qui n’ont que 2 ans j’ai été agréablement surpris du résultat. Nous pourrons sortir je pense entre 3 000 et 5 000 bouteilles pour ce printemps j’espère.
Votre vin est très attendu justement et attirent les curieux ?
Oui dans le milieu on parle beaucoup du vignoble de la Corniche d’Urrugne j’ai eu plusieurs parutions dans des magazines spécialisés tels Vini, Spirit ou en radio avec France Inter. Beaucoup de visiteurs sont passés sur le site alors que je ne fais quasiment pas de pub. En 2010, + de 1000 personnes sont venues au vignoble et cette année environ 250 professionnels viticulteurs ont fait le déplacement pour voir les installations : tout le bottin mondain du monde de la viticulture est passé par là cet été.
Oui puis vous avez aussi une méthode assez singulière pour vinifier le vin que vous avez vous-même inventé. Expliquez-nous en quoi cela consiste ? 
En fait, j’immerge des cuves en béton pour le moment au large de l’Artha. Juste en face de nous se trouvent 4 cuves immergées avec du vin en vrac en train de fermenter. J’ai mené ainsi plusieurs essais depuis 2011 et j’ai déposé un brevet pour cette technique. Ces cuves sont immergées afin de donner au vin une certaine effervescence. Le site est idéal pour cette technique car il faut une baie protégée et un port encore actif.
Là je change un peu ma technique cette année, car j’attends 12 nouvelles cuves qui devraient arriver dans les jours prochains. Ce sont des prototypes en provenance des Etats-Unis. Elles diffèrent des anciennes cuves en béton  car les nouvelles seront dans un matériau style gros plastique. Ces cuves doivent être étanche à l’eau mais poreuse pour les gaz. La pression de l’eau empêche justement les gaz de sortir de la cuve. Ce système permet de créer des arômes qu’on ne pourrait pas créer à terre.
Vous qui êtes toujours en « ébullition » Quels sont vos futurs objectifs ?
                                                                 
La difficulté dans ce métier sera de durer. Au départ c’est la passion qui te pousse à te lancer dans la viticulture. Après bien sûr faut se dire qu’il faut trouver un produit que les gens vont aimer. Le plus dure ensuite est de durer dans le temps et passer au-delà du produit à la mode car va arriver un moment où d’autres vont utiliser le même procédé de vinification et vont même venir peut être s’installer sur la côte basque.  Mais va falloir durer et construire son patrimoine, pour cela vu les vendanges de cette année je voudrais essayer de créer un grand cru classé et obtenir un AOP à partir du vignoble de la Corniche.
Ensuite, comme autre objectif j’aimerais pouvoir m’agrandir et acquérir de nouveaux terrains pour passer de 2 hectares à 6 mais ce n’est pas encore fait…
Pour connaître le programme de la Fête de la Corniche, cliquez sur le lien ci-dessous:
http://www.urrugne-tourisme.com/fr/se-divertir/actualite/fete-de-la-corniche.html

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